Bâti sous le nom de Bois-Gelin, vers 1787, entre l’hôtel d’Angennes à l’Ouest, et celui de Jaucourt aux quatre colonnes ioniques, le vieil hôtel est numéroté presque invisiblement (aujourd’hui 47 rue de Varenne) tandis qu’il porte avec fierté son nom gravé au front de beau portail. L’air noble de l’entrée est également marqué par l’architecture de la cour d’honneur au-devant du logis, en arrière, au-dessous de la terrasse, le parc tranquille ombragé de grands arbres, repose largement les regards, car jusqu’aux confins des rues du Bac et de Babylone ce ne sont que les jardins adjacents séparés pour justifier l état des lieux, par de petits murs dissimulés sous le lierre.
Laissez-vous guider et découvrez les richesses qui décorent les appartements : après avoir gravi le luxueux escalier de marbre aux belles tapisseries, côtoyé le jardin d’hiver au premier étage, le visiteur arrive devant les magnifiques boiseries de la grande galerie, apportées du Château de Bercy lorsque la résidence de Malon fut abandonnée sans rémission aux enchères de la vente. Le duc de Doudeauville confia le soin d’appareiller les portes et fenêtres à des ouvriers habiles qui surent, malgré les nécessités de la mise en place, respecter le style primitif, l’or fut appliqué ensuite partout où le goût demandait son emploi.
Le boudoir ovale qui occupe l’angle du même étage est une pièce charmante où les trois ors se marient agréablement aux peintures. Les meubles, les objets d’art, les tapis épais, tout, jusqu’au plafond très riche, satisfait l’œil du connaisseur. Quatre peintures du genre champêtre marient leurs tons passés au luxe précieux de cette pièce intime.
Le petit salon qui prolonge le précédent est aussi du même style, ses boiseries proviennent également de Bercy. L’ornementation des panneaux couvre les surfaces sans les charger ; quatre toiles ont été arrangées pour remplir les vides des dessus de porte.
L’ensemble des boiseries anciennes de l’hôtel de la Rochefoucauld-Doudeauville constitue une œuvre d’art bien conservée et de grand prix. La copie placée sur les parois de la vaste galerie du rez de chaussée a respecté les moindres détails de l’original qui orne le premier étage. Ce sont des modèles sérieux de la menuiserie artistique du milieu du XVIIIe siècle.
Sources :
Vacquier, Jules. Auteur du texte. Les Vieux hôtels de Paris : [3e série] : le Faubourg Saint-Germain : tome 1er : [Hôtels de Clermont Tonnerre, d’Orsay, Chanac de Pompadour, de Charolais de Mortemart, Gouffier de Thoix, de Galliffet, de Villeroi, de La Rochefoucauld, Doudeauville, Samuel Bernard, Béthune-Sully, des Invalides] : décorations extérieures et intérieures : notices historiques et descriptives (4e éd.)